Appel à candidature pour réaliser une thèse sur : « Stratégies d’insertion socio-économique des jeunes ruraux et dynamiques agricoles en Afrique sub-saharienne : activités et mobilités »
Le Cirad, par l’intermédiaire de sa Direction générale déléguée à la Recherche et à la Stratégie, lance un Appel à candidature pour la réalisation d’une thèse sur le thème : « Stratégies d’insertion socio-économique des jeunes ruraux et dynamiques agricoles en Afrique subsaharienne : activités et mobilités »
Dossier : sujet de thèse
Contexte :
L’Afrique sub-Saharienne reste en grande partie marquée par une transition démographique inachevée et un taux d’urbanisation encore limité. (Beaujeu et al., 2011). En conséquence, les cohortes de jeunes qui vont arriver sur le marché du travail dans les prochaines décennies naîtront en majorité en zone rurale ; d’ici 2025, ils seront 200 millions dans ce cas en ASS. Or, les jeunes africains sont davantage confrontés à des difficultés pour trouver un emploi décent et productif que leurs aînés (DIAL, 2007) et le chômage des jeunes a ainsi été reconnu comme une priorité par la communauté internationale (ILO, 2013). Le passage progressif d’économies centrées sur l’agriculture à des configurations diversifiées basées sur l’industrie puis les services est extrêmement lent en Afrique (Losch et al., 2012) ; la vitesse de développement des secteurs non agricoles ne pourra suivre celle de l’augmentation du nombre de personnes en âge de travailler. Le secteur agricole représente une part non négligeable du PIB de la majorité des pays sub-sahariens (25 %) et il demeure le principal employeur – même si l’agriculture n’est pas la seule source de revenus des familles agricoles, largement pluriactives. Elles vivent aussi grâce aux revenus non-agricoles, acquis sur le même territoire ou assurés par des migrations temporaires, nationales ou sous-régionales, qui s’accompagnent de forts liens avec la famille dans les zones rurales d’origine.
Un des défis des pays d’ASS est donc celui de leur capacité d’absorption économique, particulièrement dans le secteur agricole, d’une population de jeunes actifs peu qualifiés en très forte croissance. Or, aussi « séduisant » que soit le lien entre le potentiel agricole et la capacité de création d’activités dans ce secteur, et son importance pour la sécurité alimentaire des pays, les jeunes ruraux et leurs parents ont une faible estime de l’agriculture. Les jeunes aspirent de plus en plus à travailler en dehors du secteur agricole et plutôt en ville.
Alors qu’ils recouvrent une grande diversité de par leur âge, leur éducation, leur origine socio-culturelle ou les relations de genre au sein de leur société, les jeunes sont souvent considérés comme un groupe homogène. D’ailleurs, la majorité des politiques nationales envers les jeunes sont encore très normatives. La jeunesse est, dans tous les cas, une période de transition où les relations de dépendance économique, sociale et culturelle évoluent. C’est aussi celle du passage de l’éducation à l’emploi. Si les résultats des approches classiques du marché du travail (offre/demande) sont utiles à l’analyse des enjeux de l’emploi des jeunes, elles ne suffisent pas à cerner la complexité des systèmes d’activités dans lesquels les jeunes évoluent, particulièrement en milieu rural où les besoins sont peu connus (Oya, 2010) et les formations spécifiques rares. Ainsi, il faut élargir le champ d’étude pour saisir la diversité des stratégies d’insertion socio-économique que les jeunes mettent en œuvre, en regard des capacités de création d’activités et des défis agricoles de l’ASS.
Objectifs :
L’objectif central de la thèse est d’analyser les stratégies d’insertion socio-économiques des jeunes ruraux, ce qu’elles impliquent en termes de recomposition des systèmes d’activités et de dynamiques agricoles.
Un premier axe de la recherche sera une analyse historique des changements structurels démographiques, socio-économiques, agricoles et politiques postindépendance des régions étudiées. L’accent sera mis sur les conditions de leur insertion dans la mondialisation, sur les processus de diversification économique en cours, et sur l’examen des capacités de création d’emplois des zones rurales et urbaines.
Au vu de ce contexte qui détermine l’espace des possibles pour les jeunes, la recherche caractérisera la jeunesse sub-saharienne issue du milieu rural afin de rendre compréhensible la diversité des modalités d’insertion socio-professionnelle. En s’intéressant à leurs espaces vécus, l’analyse de trajectoires de jeunes ruraux permettra de retracer leur histoire (origine sociale, éducation, formation, mobilité, etc.) et de cerner leurs motivations et aspirations pour décrire les rapports qu’ils ont avec les différents espaces sociaux, économiques, géographiques et politiques auxquels ils appartiennent. Cette caractérisation permettra de cerner les stratégies des jeunes ruraux dans leur recherche d’activités : diversification des revenus, articulation des activités rurales et urbaines, etc. L’étude s’attachera à apprécier les secteurs et les formes d’activités que les jeunes poursuivent et les moyens qu’ils mettent en œuvre.
Enfin, en vue de contribuer à l’élaboration de futures politiques publiques, la thèse s’attachera analyser les politiques publiques actuelles des régions étudiées pour discuter de leur cohérence avec les stratégies d’insertion développées par les réalités des jeunes ruraux.
Résultats attendus et stratégie d’exploitation et de valorisation des résultats :
La thèse sera développée selon le principe d’une thèse sur articles, dont un au minimum en anglais. Cette thèse en économie contribuera à renforcer le dispositif de recherche en partenariat (DP) « Politiques Publiques & Gouvernance » (PP&G) du Cirad, autour de la thématique stratégique de l’emploi.
La valorisation du travail inclut des communications sur les résultats intermédiaires à des colloques/séminaires de recherche africains (University of Pretoria-GovInn, Wits University, University of Cape Town-DPRU…) et français/européens (DIAL…) pour aller vers des soumissions d’articles après discussion avec les communautés scientifiques concernées concernées et des publications dans des revues classées dans la liste des revues HCERES.
En outre, la thèse contribuera également à alimenter les réflexions sur ces questions au sein de structures d’appui au développement africaines et internationales (Afd, Coopération suisse, Nepad, organisations paysannes africaines…)
Collaborations nationales ou internationales sur le sujet :
Un terrain en Afrique australe et en Afrique de l’ouest seront privilégiés. Le doctorant sera intégré au développement scientifique du projet « emploi en milieu rural » à Govinn/Université de Prétoria et de l’Axe « recompositions rurales et Politiques publiques » d’ART-Dev. Il bénéficiera d’appuis institutionnels et logistiques en Afrique du Sud (UP-GovInn), sur les éventuels terrains avec une présence de la DDC et au Sénégal (think tank Initiative prospective agricole et rurale en relation avec la Fédération des ONG du Sénégal). La thèse bénéficiera d’un co-financement CIRAD et Coopération Suisse et pourra bénéficier de moyens additionnels dans le cadre du programme Rural Futures, qui débute en 2015, avec notamment un site pilote au Kwazulu-Natal. Elle se déroulera dans le cadre d’une co-tutelle (Université de Montpellier (ED 231) et l’Université de Prétoria (GovInn, faculties of humanities and Natural and Agricultural Sciences).
Profil requis et candidature :
Les candidats recherchés ont une formation en économie, économie du développement, économie agricole avec un intérêt particulier sur les questions de transformation structurelle, le marché de l’emploi et les migrations, les relations villes-campagnes. Une connaissance de l’Afrique sera un atout et une maitrise du français et de l’anglais est insdispensable.
Dossier de candidature : CV+ lettre de candidature + une note (3 pages maximum) commentant le sujet proposé et proposant notamment l’ébauche d’une première problématique et d’une méthode de travail et citant 5 références considérées comme majeure. Proposer les noms et adresses électroniques de 2 référents appartenant au monde universitaire et de la recherche.
Candidature à faire parvenir par courrier électronique à Mme Sandrine Michel (michelsandrine.34@gmail.com ) et Mr Bruno Losch (bruno.losch@cirad.fr ), copie à Mme Sara Mercandalli (sara.mercandalli@cirad.fr) avant le 6 novembre 2015.