jan 10, 2013

Séminaire Lieux et enjeux Centre de Recherche sur l’Habitat (CRH), programme premier semestre 2013 (Paris)

Parmi les multiples façons d’interroger la ville contemporaine, les chercheurs du Centre de Recherche sur l’Habitat ont aujourd’hui en commun de l’appréhender comme la résultante des interactions entre espace urbain et espace social. L’espace considéré dans ses formes physiques, est envisagé de concert avec l’espace considéré comme résultant d’un processus productif, engageant lui-même différents acteurs, individuels et collectifs, informels et institutionnels. Le fait urbain, ou plutôt l’ensemble des faits urbains qui composent la ville, se tisse au gré des interactions entre individus, groupes et territoires, en mettant aux prises habitants et praticiens, pratiques du quotidien et politiques publiques, représentations « profanes » et discours politiques, administratifs, artistiques ou encore scientifiques. Dès lors que l’on considère les lieux urbains comme perpétuellement en devenir, modelés au quotidien par de fines interactions rituelles aussi bien que travaillés en profondeur par de lourdes tendances sociales, culturelles ou encore économiques et professionnelles, alors il est nécessaire d’en proposer une approche ouverte à l’ensemble de ces composantes.

C’est dans cette perspective que ce séminaire, initié en janvier 2010, revisite différents lieux de la ville, à partir d’enjeux contemporains qui les traversent et les travaillent : du logement aux édifices et espaces publics en passant par les espaces intermédiaires, et sans oublier les marges, quels questionnements et évolutions y pose la rencontre de ceux qui vivent, qui construisent et qui disent la ville ?

8 séances sont programmées pour l’année 2012-2013 dont une d’une journée. Les séances auront lieu au CRH, ENSA Paris Val-de-Seine. Dans ce programme, les titres de certaines interventions sont provisoires et la participation de certains intervenants reste à confirmer. Avant chaque séance, le programme définitif sera communiqué.

Mardi 15 janvier 2013

14 h à 18 h (salle 718) Prospective et rétrospective : la ville en récits

(responsable : Yankel Fijalkow)

Le contexte urbain actuel de concurrence entre les villes conduit ces dernières à construire des représentations d’elles-mêmes affirmant la manière dont elles devraient être ou se développer, les conduisant même à réinventer tout ou partie de leur histoire. Ces récits urbains fondés sur l’élaboration d’une « recette gagnante » de développement imposent souvent des choix surdéterminés, notamment en termes d’aménagement et de peuplement. L’exemple du ranking des villes selon leur capacité compétitive et attractive est à ce titre parlant : non seulement il se fonde sur des catégories de représentation (“creative class” par exemple) peu ou prou à la marge des échanges académiques, mais il pose pour acquis le présupposé selon lequel la ville est un acteur collectif homogène.

La politique urbaine est aussi influencée par ces représentations et ces discours à différentes échelles géographiques, du local au global. La gentrification annoncée (ou perçue comme une fatalité) produit des effets de réalité qui se concrétisent dans les stratégies et l’aménagement urbain. Comme tout projet urbain les écoquartiers s’inscrivent aussi dans ce type de récits de ville qui font usage du ou des passés pour définir un avenir possible ou plausible. Ces constats interrogent la prospective urbaine et son articulation à la rétrospective. Ils conduisent aussi à interroger les stratégies discursives « extra-institutionnelles », comme les mouvements de contestation de plus en plus présents dans la gestion des villes contemporaines lors de la mise en place de projets urbains d’aménagement (lignes à grande vitesse, grandes œuvres). Dans ces espaces de contestation ou de participation, les « jeunes énervés » des périphéries urbaines, les migrants internationaux sans droits de citoyenneté, les étudiants dans les régimes autoritaires opprimant la liberté politique et culturelle (entre autres exemples) ne peuvent-ils pas être considérés comme porteurs de discours sur la ville et de récits urbains aussi performatifs que ceux qui nourrissent le marketing urbain ?

Intervenants

Sharon Zukin (Brooklyn College et Graduate School – City University of New York) (titre à venir)

Ilaria Casillo (GISP DEP CNRS) « La prospective comme outil de construction de futurs urbains »

Vincent Veschambre (professeur à l’ENSA Lyon – RIVES) « Comment on en vient à démolir les tours et les barres : récits de la rénovation urbaine »

Vincent Renaud (ingénieur, docteur, INSA Lyon) « Développement durable un récit urbain »

Ilaria Casillo (GISP DEP CNRS) et Yankel Fijalkow (professeur à l’ENSA Paris-Val-de-Seine – CRH/LAVUE)  « Imaginaires et répertoires discursifs dans les mobilisations contre la gentrification »

Mardi 12 février 2013

14 h à 18 h (salle 718) Dessiner des interactions : le cas des maisons en bande de Aalto

(responsable : Rainier Hoddé)

La maison en bande réapparaît dans le champ de la conception savante française, tentant de faire oublier ses antécédents (maisons ouvrières de faubourg, maisons de villes en villes nouvelles…) autant que se parant de qualités nouvelles (l’urbanité paysagère, la sobriété énergétique…). Les publications professionnelles présentent d’attrayants objets produits en petite série, mais très peu d’évaluations permettent de comprendre les atouts et défauts de ce type architectural en réinvention et qui pourrait répondre à de réels défis architecturaux et urbains.

C’est avec ces questions, de conception autant que de réception, que nous sommes allé recenser puis évaluer des maisons en bande reconnues pour leurs qualités, leur concepteur – Aalto (1898-1976) étant l’architecte moderne chez qui la quête de modernité n’a jamais cédé à la doctrine de l’homme nouveau. Progressivement, des catégories d’analyse se précisent, nous rendant attentif à la pratique de maisons de ce genre, ce qui débouche sur deux types d’acquis. D’un point de vue théorique, l’architecture devient anthropologique et les relations entre conception et réception se réagencent. Et d’un point de vue pratique, la réception vient informer la conception. Au-delà des acquis sur le type « maison en bande », ce sont des questions plus générales vers lesquelles cette recherche, ancienne mais en cours de publication, nous entraîne.

Intervenants

Rainier Hoddé (professeur à l’ENSA Lyon)

Intervenants pressentis : un architecte réflexif ou un chercheur sur les questions de dispositif ou un responsable de formation en architecture…

Mardi 26 février 2013

14 h à 18 h (salle 718) Crise(s) du logement ?

(responsables : Jean-Pierre Lévy et Yankel Fijalkow)

Quels sont les contours et la nature de la « crise du logement » à laquelle on semble assister depuis une vingtaine d’années ? Peut-on en définir précisément les acteurs publics et privés, les parcs de logements concernés et leurs formes d’occupation ? En tenant compte des pratiques sociales, des mouvements sociaux, des transformations de l’Etat et des collectivités locales, quels sont les moyens de résolution envisageables et à quels coûts ?

Intervenants

Christophe Robert (délégué général adjoint de la Fondation  l’Abbé Pierre) « Etat du mal logement »

Jean-Claude Driant (professeur à l’IUP de l’Université Paris Est) « Les multiples visages de la crise du logement en France au cours des années 2000 »

Agnès Deboulet (professeur à l’Université de Paris 8 – CRH/LAVUE) « Crise du logement dans les Suds »

Claire Lévy-Vroelant (professeur à l’Université de Paris 8 – CRH/LAVUE) « Les défis du logement social »

Jean-Pierre Lévy (directeur de recherche CNRS, CRH/LAVUE) et Yankel Fijalkow (professeur ENSA Paris-Val-de-Seine, CRH-LAVUE)  « Quelle crise, quelles solutions ? »

Mardi 19 mars 2013

14 h à 18 h (salle 718) Habiter son environnement : approches croisées entre Sciences humaines et sociales et Sciences pour l’ingénieur

(responsables : Amélie Flamand et Margot Pellegrino)

Cette séance s’appuie sur des recherches en cours, ou terminées récemment au LAVUE, menées en collaboration avec des équipes extérieures issues des champs SHS et SPI. Elle vise à identifier les éléments à l’interface méthodologique de ces différentes disciplines dans le champ de la recherche urbaine.

Les tentatives pour saisir la ville contemporaine, à travers les relations entre les usages, les institutions, l’environnement physique et le contexte bâti, nécessitent de développer des approches innovantes, aux regards disciplinaires croisés. Un véritable défi se pose, qui porte au premier plan le débat autour du concept de la « transdisciplinarité radicale ».

Que signifie cette posture lorsque l’on questionne les processus urbains dans un projet de recherche ? Quels en sont les enjeux théoriques et méthodologiques ?

La séance se propose de faire dialoguer des chercheurs issus de ces différentes disciplines à travers des expériences développant des approches transdisciplinaires (ANR Energihab – La consommation énergétique : de la résidence à la ville. Aspects sociaux, techniques et économiques ; ANR Eurequa – Evaluation multidisciplinaires et requalification environnementale des quartiers ; AXA Retroclime – Perception du confort et pratiques énergétiques dans un contexte de changement climatique ; ANR Green-Greenland CEP&S 2010)

Intervenants

Amélie Flamand (maître assistante à l’ENSA de Clermont-Ferrand – CRH/LAVUE) « Introduction »

Isabelle Richard (post-doctorante, ANR Eurequa) « Mesures physiques, analyses sensibles : quand la pluridisciplinarité renforce la compréhension des pratiques »

Un chercheur SPI, ANR Eurequa (sous réserve)

Jean-Pierre Lévy (directeur de recherche CNRS, directeur UMR LAVUE) ; Margot Pellegrino (post-doctorante ; contrat Axa et ANR Energihab) « Observation des modes de vie énergétiques : mesures et pratiques »

Margot Pellegrino (post-doctorante ; contrat Axa et ANR Energihab) « Le confort thermique entre perception et mesure ».

Mardi 21 mai 2013

14 h à 18 h (salle 718) Grands projets, constructions identitaires et mondialisation

(responsable : Ioana Iosa)

Cette séance du séminaire Lieux et enjeux se veut une découverte des recherches en cours ou émergentes portant sur les grands projets urbains initiés dans une volonté de reconstruction de l’image de marque des villes européennes. Elle permettra d’inscrire certains aménagements dans un contexte de développement dont les enjeux dépassent le territoire national, mais surtout se pencher sur les acteurs majeurs de ces changements en matière d’image et, inévitablement, de pratiques urbaines et sociales. L’objectif est donc d’éclaircir les ambitions des commanditaires, les résistances organisées ou accidentelles de la part des habitants, mais aussi les stratégies d’image de la star-architecture qui se nourrit de ces grands projets qu’elle cultive avec soin. Dans un contexte de concurrence de plus en plus acharnée entre les villes, l’instrumentalisation de l’architecture et de l’urbanisme est devenue monnaie courante : à qui profite-elle et quels sont les risques qu’elle engendre ?

Intervenants

Ioana Iosa (maître assistante à l’ENSA Paris-La Villette) « Introduction »

Marta Pappalardo (doctorante au CRH/LAVUE) « Habiter le centre ancien entre conservation et transformation. Le Grand Programme Centre Historique Naples – Unesco »

Alessia de Biase (maître assistante à l’ENSA de Paris-Belleville) (sous réserve) « L’observatoire du Grand Paris »

Géraldine Molina (docteur en Géographie, Aménagement-Urbanisme) (sous réserve) « Les grands architectes, leurs discours publics et… la littérature. Enquête sur le star-system contemporain, ses enjeux et paradoxes »

Documentaire : « Superstructures – La tente la plus haute du monde », France 5, réalisateur Martin Gorst, production ZDF/GAMMA Project, 52 mn.

Mardi 11 juin 2013

14 h à 18 h (salle 718) Des gentrifications ? Regards croisés

(responsable : Atelier Gentrifications)

La gentrification des quartiers populaires constitue un champ de recherche désormais classique des études urbaines. Sous l’influence des théorisations anglo-saxonnes qui marquent le champ depuis le milieu des années 1960, de nombreux travaux sur la gentrification se sont appuyés sur une compréhension linéaire du processus, qui le décrit comme une succession de vagues d’arrivées de populations de plus en plus aisées auxquelles on associe des formes d’intervention sur le bâti existant de plus en plus marquées et des investissements aux profits toujours plus élevés. Dans un tel cadre théorique, la gentrification est ainsi décrite comme un processus possédant une temporalité et une forme spatiale bien particulières.

D’autres travaux interrogent frontalement la linéarité même (spatiale et temporelle) de la gentrification en pointant la complexité des mécanismes du processus, et s’attachent à souligner l’articulation de ce phénomène aux autres dynamiques sociales et spatiales qui touchent les grandes agglomérations. Cette séance du séminaire Lieux et enjeux tient précisément à s’inscrire dans ce mouvement de la recherche sur la gentrification. Sur la base des réflexions croisées de chercheurs issus de disciplines différentes (sociologie, géographie, sciences politiques), et ayant récemment soutenu des thèses sur la gentrification, la séance de séminaire propose d’interroger la linéarité et l’inéluctabilité du phénomène et d’éclairer la diversité de ses formes, de ses temporalités et de ses acteurs.

Intervenants pressentis : Marie Chabrol, Anaïs Collet, Matthieu Giroud, Lydie Launay, Hovig Ter Minassian, Max Rousseau.

 

Pour tout renseignement complémentaire, s’adresser à Joëlle Jacquin : joelle.jacquin@paris-valdeseine.archi.fr

 

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