jan 11, 2013

SAA séance du 11 janvier + Programme janvier-février 2013

Vendredi 11 janvier2013 de 11h à 13h – Institut des Amériques (Salon des Amériques)

Françoise LESTAGE,  Professeur d’anthropologie à l’université Paris Diderot, membre de l’unité de recherche «Migrations et société» (urmis)

« Pourquoi le «retour» post-mortem au pays d’origine relève-t-il de la «bonne mort»? »

Contrôle et réappropriation des migrants défunts au Mexique. Depuis l’établissement des frontières nationales au cours du xixe siècle, les mouvements migratoires entre le Mexique et les États-Unis n’ont pas cessé. Les migrants mexicains partis travailler, soit dans le cadre de programmes légaux, soit illégalement, ont parfois trouvé la mort au cours du voyage ou du séjour. Certains ont reçu une sépulture sur place, d’autres ont été renvoyés au Mexique (environ 10% d’après une enquête réalisée dans les années 2000). On traitera ici des logiques familiales, sociales et politiques qui sous-tendent le «retour» des migrants défunts. À partir d’une ethnographie des pratiques relatives au transfert des corps, on s’interrogera sur les formes de contrôle et de réappropriation de défunts vivant au loin. On verra ainsi que ces pratiques permettent à l’entourage touché par le décès, quel que soit le lieu de résidence des personnes, de se séparer du défunt selon les normes en vigueur dans le groupe social en annulant les frontières nationales, physiques et temporelles. Il apparaîtra également que ces pratiques exercent un ultime contrôle sur le migrant défunt et le réinsèrent, concrètement et symboliquement, dans la famille, le groupe social et la nation d’origine.

Vendredi 25 janvier 2013 de 11h à 13h – Institut des Amériques (Espace Tocqueville)
Rosângela PEREIRA de TUGNY , Professeur d’ethnomusicologie à l’Universidade Federal de Minas Gerais, Brésil

« L’événement de la venue des Tatakox chez les TikmuÞ’uÞn (Maxakali) du Minas Gerais, Brésil »

Durant le long rituel d’initiation maxakali, l’arrivée des peuples/esprits Tatakox qui, à la demande des femmes, apportent pour un bref instant au village les enfants morts en bas âge et emportent les jeunes garçons dans l’espace initiatique, est un de ces moments de grande intensité nécessaires à la vie de la communauté. Dans ce contexte, comment évaluer le visible quand la question de la vérité se déplace vers une attention portée à l’intensité, quand l’«esprit» est moins une classe d’agents qu’une «image» et quand une image est plus un événement que quelque chose qui serait donné à voir? La conférence propose de se livrer à cette exploration comme forme d’approche d?une esthétique acoustique et imagétique maxakali. À l’appui de notre propos, le documentaire Tatakox  Aldeia Vila Nova (2009, 21mn), produit par un collectif d’hommes et de jeunes réalisateurs maxakali, apparaît, ici, comme un véritable événement cinématographique où le visible et l’invisible échangent leur place.

Vendredi 8 février  2013 de 11h à 13h – Institut des Amériques (Salon des Amériques)
Jean-Pierre CHAUMEIL, Directeur de recherche au cnrs, Centre erea du Laboratoire d?Ethnologie et de Sociologie comparative, avec
Pascal RIVIALE, Archives nationales, chargé d’études, chercheur associé au Centre erea du lesc

« Penser, ordonner et donner à voir le territoire. Un monument éditorial du xixe siècle: l’Atlas geográfico del Perú de Mariano Paz Soldán (1865) »

Un atlas  et à plus forte raison lorsqu’il s’agit du tout premier sur un territoire délimité  représente bien plus qu’un simple compendium de relevés géographiques. C’est une entreprise qui dépasse de beaucoup cet objectif en ce qu’elle donne pour la première fois à voir un pays ou une nation comme tel, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur, dans une sorte de mise en scène qui participe activement de la façon dont on perçoit et construit un pays, où l’on décide de ce qui sera montré ou non. L’atlas de Paz Soldán est une merveilleuse illustration de ce processus de construction d’un État-Nation par l?énorme influence qu’il eut sur l’imaginaire géographique de ce pays. Cette oeuvre monumentale est unanimement considérée comme la plus emblématique du Pérou du xixe par son
envergure scientifique et la qualité exceptionnelle de l?impression lithographique. Il s’agit en effet du premier exemple d’utilisation
systématique de vues photographiques pour l’élaboration d’un livre de connaissances au Pérou. C’est donc à une plongée dans l’histoire de la pensée géographique de ce pays, en même temps qu’à une réflexion sur le rôle de l’image dans cette construction, que nous convie cette communication à l’occasion de la réédition de l’atlas (à Lima), cent cinquante ans après avoir vu le jour sous les presses de Fermin-Didot à Paris.

Vendredi 22 Février 2013 de 11h à 13h – Institut des Amériques (Salon des Amériques)
Guy BORDIN, Chargé de cours à l’inalco, membre du Centre d?étude et de recherche sur les littératures et les oralités du monde (cerlom)

« Noël et les fêtes de fin d »année chez les Inuit canadiens »

Un exemple d’appropriation lente et robuste. Les Inuit du Canada, jusqu’à leur conversion au christianisme au tournant des xixe et xxe siècles, connaissaient des cycles festifs de densité et de complexité variables selon les groupes qui, tous, pratiquaient cependant les jeux, le chant et la danse avec passion. L’hiver était la période cérémonielle et festive la plus intense dans l’ensemble de l’aire inuit et la nuit en constituait le moment privilégié. Depuis leur conversion, et de
façon désormais bien ancrée dans la culture inuit contemporaine, ce sont Noël et le Nouvel An qui marquent le principal temps festif. Caractérisés par leur longue durée et la succession des nuits de danse et de jeux dans le grand local collectif, ils reproduisent aujourd’hui assez fidèlement le schéma directeur de nombreuses fêtes inuit préchrétiennes. Le contexte et les significations, les types de danse sont différents, mais le modèle festif est assez semblable, au point que ces fêtes semblent avoir progressivement «réintégré» le modèle inuit. Le Noël de ce xxiesiècle commençant  plusieurs semaines de festivités  n?a en effet plus grand-chose à voir avec ce qu’il était au début de la christianisation, à savoir un évènement bref et finissant tôt, lequel avait en son temps marqué une profonde rupture avec ce que les Inuit vivaient auparavant. Les fêtes de fin d’année constituent ainsi un exemple caractéristique d’appropriation lente mais robuste de traits culturels importés.

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* SAA – Calendrier des séances suivantes: * 22 mars  de 11h à 13h  Espace Tocqueville; 5  avril  de 11h à 13h  Salon des Amériques; 19 avril   de 11h à 13h  Salon des Amériques; 17 mai  de 11h à 13h  Salon des Amériques;  31 mai  de 11h à 13h  Salon des Amériques; 14 juin  de 11h à 13h  Salon des Amériques

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