juil 11, 2012

Gresea Echos n°70, 2-2012 – #OccupyEtc

Gresea Echos n°70, 2-2012

#OccupyEtc

Gresea asbl (Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative)

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Ils se révoltent, donc ils sont
« Sous les pavés, le jasmin » peut-on lire sur une pancarte. On est en décembre 2010, en Tunisie. C’est elle qui ouvre le bal vers ce que l’on ne tardera pas à appeler le « printemps arabe ». Un mois plus tard, c’est la place Tahrir dont les images sont encore toutes fraîches dans nos mémoires qui est le théâtre de nouvelles révoltes dans une Egypte qui vient de connaître la plus grande vague de grèves ouvrières de son histoire.

Les révoltes feront tache d’huile et toucheront bientôt le Maroc puis Bahreïn, entre autres. Le printemps finira même par atteindre l’autre côté de la méditerranée. C’est au tour de Barcelone et de Madrid d’occuper les places. Mais il ne s’agit plus cette fois de faire tomber des gouvernements autocratiques mais de proposer une critique des démocraties parlementaires et du système économique. Le printemps espagnol s’exportera alors vers le Portugal et la Grèce qui avait déjà connu d’importantes révoltes un an plus tôt.

L’année 2011 sera également marquée par le sceau des mobilisations outre-atlantique avec le mouvement Occupy aux États-Unis qui s’attaquera sous son slogan « Occupons Wall Street » au symbole même du système capitaliste, ou encore les mobilisations étudiantes au Chili pour une éducation publique et gratuite.

La solution miracle ne semble plus être dans les esprits de ce temps. Les idéologies n’ont pas la cote. Sur la Plaça Cataluña comme à Zuccotti Park, on ne semble plus croire au Parti qui amènera le monde au Grand Soir. D’où sans doute un grand flou dans les revendications. Néanmoins, si tous ces mouvements ne remettent pas en cause le système capitaliste, tous aspirent à un partage équitable des richesses et rejettent un modèle politique qui ne représente pas le peuple, ni ses intérêts, mais sont, au contraire, au service d’une oligarchie financière qui accapare les richesses. Et si l’on admet que la révolution désigne la transformation radicale des institutions de la société et que l’on met de côté l’image historique du sang et de la prise du Palais d’hiver, on peut dire que certains de ces mouvements ont une vocation profondément révolutionnaire.

Ils manifestent du moins un réel désir d’engagement et sont autant d’expressions de prises de consciences qui mettent en avant l’action collective, meilleur antidote à l’individualisme ambiant. Et si certains de ces cris de résistance qui fleurissent aux quatre coins du monde sont des voix de gens qui se disent indignés, ils n’en appellent pas moins à dépasser l’indignation pour la transformer en révolte.

Par ailleurs, d’autres voix s’élèvent à travers le monde, à petite ou grande échelle, et chacune dans son domaine, contre les effets dévastateurs du système néolibéral.

Dans le paysage d’un capitalisme dont la frénésie du profit ruine la terre et dénature les êtres humains et où les « Grandes boules » du capital privé envahissent l’espace public de plus en plus grignoté par la dérégulation des marchés, tous ces élans de résistance qui seront abordés dans ce numéro sont autant de tentatives de réappropriation. Réappropriation de l’espace mais aussi du pouvoir. Autrement dit, un appel à la démocratie dans son sens premier.

« Je me révolte, donc nous sommes », écrivait Camus. Soixante ans plus tard, on voit naître les germes prometteurs d’un renouveau de l’action politique collective, que ce numéro tentera de mettre en lumière sans idéalisation ni prétention d’exhaustivité.

Numéro coordonné par Lise Blanmailland

 

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