Cahier n°31 : La mesure de la mondialisation

Mars 2007, sous la direction d’Irène Bellier

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  • Introduction
  • Table des matières
  • Cahier n°31

Les spécialistes des diverses sciences sociales pensent-ils au même objet lorsqu’ils évoquent la mondialisation ? Que s’agit-il de mesurer précisément ?

Anthropologues, économistes, historiens, juristes ou sociologues s’accordent sur le fait que les méthodes d’enquête et d’analyse mobilisées par les différentes disciplines construisent autant de manières de voir la mondialisation et d’en restituer les effets. Pour autant, la mondialisation ne serait-elle perceptible que par ce jeu de représentations, dans la dépendance des discours par lesquels elle se manifeste ? La division entre sciences quantitatives et sciences qualitatives, dont l’économie et l’anthropologie sont les hérauts respectifs, conduit à considérer la question de la mesure sous un jour radicalement différent. Il ne suffit pas de penser « la mesure», il est nécessaire d’appliquer la réflexion sur ce que «mesurer veut dire» à des objets particuliers. Pour saisir les différentes facettes de la mondialisation, il faut aussi traduire les études de cas dans un langage commun dont la scientificité ne fait pas barrage, tisser les fils par lesquels les résultats les plus pointus dans un domaine suscitent ailleurs de nouvelles pistes de recherche.

A partir de recherches menées en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie centrale et extrême orientale, en Europe et dans les institutions internationales, par des observations de terrain comme à partir d’objets plus théoriques, en mobilisant donc différentes méthodologies, les auteurs se penchent sur la transformation des « normes et des valeurs dans la mondialisation » et sur « les indicateurs des inégalités dans la mondialisation ». Ils s’intéressent aux modalités par lesquelles se traduisent dans un espace politique les changements dans les domaines culturels, économiques, sociaux, juridiques et institutionnels.

Changements qu’introduit la communauté internationale via les ONG ou les agences chargées de mettre en oeuvre les programmes de «développement» et de «transformations politiques ». Évolutions liées aux stratégies des entreprises multinationales et à la mobilisation de nouveaux acteurs pour garantir leur avenir. Les auteurs interrogent la place et le rôle de l’État dans les nouvelles configurations de pouvoir. Ils étudient les relations entre inégalités sociales, économiques et territoriales tout en critiquant la construction et la validité des indicateurs usuels. Ils proposent les éléments d’une problématique renouvelée intégrant le changement d’échelle des mécanismes de développement et incitant à penser autrement le développement dans la mondialisation.

Ce numéro des Cahiers du GEMDEV a été réalisé au sein du groupe « Mondialisations », coordination scientifique et éditoriale d’Irène Bellier. Directrice de recherche au Laboratoire d’Anthropologie des Institutions et des Organisations Sociales (LAIOS- CNRS/EHESS), elle est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur les Mai Huna d’Amazonie péruvienne et, en anthropologie politique, sur l’ENA, la Commission européenne, les Nations unies et le mouvement international des peuples autochtones.

Ont contribué à ce numéro :
Irène Bellier, Sophie Bessis, Fabienne Boudier, Delphine Dabrowski-Sangodeyi, Barbara Despiney, Paul Dima Ehongo, Diana Hochraich, Kirsten Koop, Bernadette Madeuf, Claire Mainguy, Jean-Louis Margolin, Birgit Müller, Boris Petric, Stéphanie Treillet.

Introduction :

  • Irène Bellier : Peut-on mesurer la mondialisation ? Résonances dialogiques d’une recherche interdisciplinaire en sciences humaines et sociales

Mondialisation et recompositions des normes et des valeurs :

  • Paul Dima Ehongo : La mondialisation du droit et les inégalités entre Etats dans l’accès à la justice internationale : les Etats africains face au mécanisme de règlement des différends du système GATT/OMC
  • Boris Petric : Le Kirghizstan : lieu d’expérimentation pour mesurer les nouvelles normes de la mondialisation politique
  • Birgit Müller : La loi du marché comme idéologie. Les agriculteurs du Saskatchewan face au système économique néolibéral
  • Jean-Louis Margolin : Uniformisation ou recomposition identitaire ? Arts du spectacle et gastronomie à Séoul, Singapour et Taipeh depuis le milieu des années 1950
  • Irène Bellier : Les deux faces de la mondialisation, l’ONU et les peuples autochtones

Critique des indicateurs et remise en question des cadres nationaux :

  • Fabienne Boudier : Production mondialisée : du besoin d’un nouveau triptyque « concept, mesure, théorie »
  • Claire Mainguy : La mondialisation par les investissements étrangers au Mali
  • Stéphanie Treillet : La mondialisation renforce-t-elle les écarts entre croissance et développement ?
  • Delphine Dabrowski-Sangodeyi : De métropoles régionales à villes mondiales : les défis de l’inclusion à São Paulo et Johannesbourg

Les inégalités dans la mondialisation :

  • Sophie Bessis et Diana Hochraich : Les termes de l’échange à l’ère de la mondialisation : la fin de la tendance de long terme à la détérioration ?
  • Kirsten Koop : Les nouvelles fractures du monde et le défi pour la recherche sur les inégalités de développement
  • Barbara Despiney : Inégalités régionales dans la mondialisation : le cas de la frontière russo-chinoise

Conclusion :

  • Bernadette Madeuf : Défis et perspectives