11ème Université d’été du RéDoc – Engagements et passions, au cœur du social

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11ème Université d’été du RéDoc 

Engagements et passions,

au cœur du social

organisée par

l’École Doctorale Sciences des Sociétés de l’Université de Paris

et le

Réseau international d’Écoles doctorales en sociologie/sciences sociales (AISLF)

Dépôt des candidatures sur le site du RéDoc : 30 septembre au 11 novembre 2019

Tenue de l’Université d’été : 8 au 12 juin 2020

Lieu : Université de Paris, Campus Saint-Germain-des-Prés, Paris, France

Pour s’inscrire

Présentation du RéDoc/AISLF

L’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) a créé en 2009 le Réseau des Écoles doctorales en sociologie/sciences sociales (RéDoc) afin de constituer un espace de formation doctorale international en organisant, entre autres activités, des sessions de formation sous la forme d’Universités d’été.

Ce réseau francophone, conçu dans un esprit de bienveillance pédagogique, vise à développer la circulation des doctorant.e.s, des professeur.e.s, des connaissances et des cultures universitaires, tout particulièrement, en favorisant les échanges Nords-Suds.

Présentation de la thématique. Engagements et passions, au cœur du social

Les passions et les affects, étudiés depuis les philosophes grecs, semblent ne pas constituer un thème bien innovant des sciences sociales. Il suffit pourtant de parcourir les nouveaux ouvrages depuis 2010 pour se convaincre du contraire. Les passions sont en constant renouvellement comme de multiples aspects de notre vie individuelle ou sociale. Elles sont sans cesse explorées et n’échappent plus à la quantification ni même aux neurosciences, pour qui elles pourraient être comprises comme de simples impulsions cérébrales, les coupant ainsi du social (Ehrenberg). Comment le fil des passions nous permet-il d’analyser la société contemporaine et quelles sont les nouvelles facettes ou thématiques ? Nous proposons d’en parcourir certains objets, mais aussi de concevoir les passions comme des fils transversaux ou des analyseurs qui questionnent les statuts sociaux :

  • quels sont les usages historiques et sociaux des discours et prescriptions sur la passion (religieux, patriotique, artistique, managérial…) ? Comment cette catégorie de pensée s’impose-t-elle dans des sociétés, et qu’en exprime-t-elle ? Quels rapports sociaux instrumentalise-t-elle ? De la passion du Christ au travail passionné (Loriol, Leroux), en passant par la passion du bénévolat, de quoi « la passion » est-elle le nom ? Quels sont les usages sociaux de la passion aujourd’hui dans les différentes sphères ?
  • en tant qu’émotion extrême, comment pouvons-nous décrire et comprendre la formation de la passion, son expression et ses transformations, que ce soit à un niveau individuel, groupal, institutionnel ou sociétal (Winock)? Peut-on penser cela de manière inter ou transdisciplinaire ?
  • Observe-t-on des différences importantes dans le rapport à la passion – comme discours et expérience – selon les classes sociales, le genre, l’âge et la racialisation des sujets sociaux ?

Cette 11e Université d’été du Rédoc à Paris en 2020 sera l’occasion de décrypter les engagements et passions par le prisme de toutes les disciplines des sciences sociales au moyen de conférences et d’ateliers regroupés en quatre thématiques principales. Ce sera un lieu de discussion pour les doctorantes et doctorants abordant ces thèmes ou voulant y réfléchir. Les intervenantes et intervenants partageront leurs passions ou leurs études des passions… et les activités culturelles cibleront des études et objets des passions.

Quatre axes sont proposés, qui serviront d’entrées pour aborder la richesse de ce champ : le militantisme et les passions/engagements politiques, les sentiments et les « affect studies », le travail et la religion ou le métier-passion, enfin la passion du collectionneur ou du joueur et les addictions.

  1.       Militantisme, les passions et les engagements politiques, haines et violences.La violence est une expérience quotidienne dans de nombreuses sociétés. Cette violence peut devenir un élément essentiel de l’engagement politique, militant ou passionné. Les racines subjectives de la violence se trouvent-elles dans les passions, et corrélativement quelle place pour le ressentiment et la vengeance ? Il s’agira de porter un regard décentré sur l’engagement militant, en y soulignant le rôle des émotions et des affects. De plus, les inégalités multiples auraient remplacé les inégalités de classes, et leur expérience touche maintenant des groupes nouveaux de la société. Dubet reprend l’expression des « passions tristes » pour décrire cette situation et les discriminations qui se superposent aux inégalités. Selon lui, l’utilisation d’internet pour afficher les colères individuelles empêche une expression politique homogène, y compris du fait de la moindre capacité des syndicats et autres corps constitués à « organiser » ces colères.
  2.       Amours et passion amoureuse, affect studies, économie du bonheur. Dans nos sociétés contemporaines, le bonheur est devenu une injonction, voire un devoir. Le bonheur et le bien-être social suscitent l’intérêt des médias comme des gouvernements, au point où le bonheur individuel semble être l’un des objectifs des décisions politiques. Les passions amoureuses aussi sont constituées comme des objets d’analyse, et se voient mobiliser pour éclairer la variété des arrangements amoureux. La sphère économique n’échappe pas à cette tendance, alors même qu’il paraît difficile de mesurer quelque chose d’aussi subjectif et impalpable que le bonheur ou nos affects. Depuis les années 1990, toutefois, la recherche en économie rencontre les sciences sociales autour de la mesure du bonheur ressenti et déclaré, de l’importance subjective de la richesse, de la croissance ou au contraire du dénuement et de la décroissance..
  3.       Travail, religion, métier-passion, compassion, passion artistique. L’art mobilise le registre passionnel, il est décrit comme un engagement total où l’on peut mettre en avant les passions, ce constat s’étend aussi aux métiers mobilisant la compassion ou la religion. L’approche managériale du travail aussi mobilise la passion comme moteur des salariés afin d’atteindre une réalisation de soi par le travail. La nécessité de mesurer le véritable engagement dans une activité, donc la passion qu’elle provoque, amène d’ailleurs au développement d’instruments, d’échelles, de mesure de cette passion (Sigmundsson et al). L’idée est alors de quantifier les passions, permettant de distinguer les vrais experts d’un champ et surtout les plus performants…
  4.       Addictions et passions culturelles (y compris numériques). Les produits de consommation sont développés spécifiquement dans le but de rendre les utilisateurs « accros ». Or, paradoxalement, de plus en plus de comportements qui auraient été qualifiés d’habitudes ou d’excès sont classés dans la catégorie des addictions. La frontière est donc particulièrement mouvante entre passion et addiction, notamment pour ce qui est lié aux technologies numériques, mais aussi aux comportements alimentaires ou de « design de soi ». Il faudrait donc toujours distinguer des passions raisonnables ou modérées et des passions insatiables et donc dommageables, comme l’avait fait Hirschman (Steiner et al. 2013).