En 2021, Terrain règle leur compte aux Brigands*

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme pour célébrer le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche, nous avons décidé pour notre prochain numéro (à paraître en mars) de nous pencher sur la figure du brigand.
Aux légendes orales et à la littérature populaire célébrant ses méfaits ou hauts-faits s’ajoutent aujourd’hui jeux vidéo, séries télévisées, mais aussi stories Instagram ou communautés Facebook. Les scénaristes de ces multiples récits circulant désormais à l’échelle mondiale en sont souvent les protagonistes eux-mêmes, soucieux de contrôler leur image de marque dans une économie globalisée et digitalisée.
Ce numéro explorera les processus de fabrication des icônes du banditisme, et leur articulation aux pratiques concrètes des brigands d’aujourd’hui dans des économies de la prédation. En croquant une bande de truands ambivalents venus des quatre coins du monde, il interrogera les formes charismatiques contemporaines de la violence.

En attendant de pouvoir tenir entre vos mains ce numéro richement illustré par les étudiants de Penninghen, vous pourrez lire ou relire nos dernières publications en ligne, qui ont porté un regard anthropologique sur les sujets légers du moment : la maladie, la contagion, l’enfermement, la mort et le deuil… mais aussi sur la diplomatie (en prolongement du dernier numéro, toujours disponible en librairie) et sur l’humour chez les supporters de foot.

Bonnes lectures, et meilleurs voeux pour l’année qui s’ouvre !

L’équipe de Terrain

Suivez-nous sur Facebook, Twitter et Carnets de Terrain pour en savoir plus
P.S. : Comme il est d’usage, si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, vous pouvez vous désabonner en cliquant sur le lien situé en bas de page.

DANS LES RUBRIQUES EN LIGNE
TERRAINS
Par le détour de l’humour
Le rire dans les groupes de supporters de football
Ludovic Lestrelin
Retenir l’humour comme modalité de participation au spectacle footballistique peut paraître incongru. A priori, le match de football n’est pas une histoire drôle. La chose semble entendue si l’on prend pour terrain d’enquête les collectifs de supporters radicaux. Pourtant, la capacité à faire rire occupe une place importante parmi les qualités valorisées au sein de ces groupes et les lieux de la présence supportériste sont autant de territoires de circulation de la parole humoristique. En apparence anecdotique, la question du rire se révèle heuristique si l’on considère que la dimension combative de l’engagement supportériste, d’une part, et la dimension festive et facétieuse, d’autre part, forment les deux faces d’une même pièce. Ainsi, l’humour forme une voie d’entrée pertinente pour saisir les motifs de l’action et notamment le passage à l’acte violent, vu comme le résultat de l’intégration au collectif et de la fixation d’une frontière entre l’intérieur et l’extérieur du groupe.
PORTRAITS
« Je suis un activiste à temps plein »
Militantisme et sens de la communauté dans une township sud-africaine
Jérôme Tournadre
Ce texte est consacré à l’un des principaux leaders de ces collectifs locaux qui, depuis le début du xxie siècle, protestent contre les mauvaises conditions de vie de millions de Sud-Africains. Il invite cependant à quitter le seul espace de la protestation pour mieux explorer les territoires en apparence plus ordinaires qui se situent à sa périphérie. En réinscrivant l’existence de ce militant dans certaines des relations, institutions et expériences qui structurent la vie sociale dans les quartiers populaires, il s’agit en effet de souligner combien le rapport à « la communauté » aide à mieux appréhender certains des ressorts propres à l’engagement dans un « mouvement de pauvres ».
QUESTIONS
Les hommes peuvent-ils « être » des oiseaux ?
Retour sur l’énigme de Lévy-Bruhl
Frédéric Keck
L’énoncé « les Bororo sont des Araras », emprunté par le philosophe Lucien Lévy-Bruhl à l’ethnographe Karl von den Steinen, a suscité des débats tout au long du xxe siècle sur la possibilité pour des humains de s’identifier à des non-humains sans contradiction. Cet article explicite ces débats entre phénoménologie, philosophie analytique et structuralisme, en ajoutant une quatrième interprétation de l’énoncé à partir de l’épidémiologie. Il ajoute aux méthodes de compréhension, de traduction et de classification déjà proposées pour résoudre la contradiction apparente de cet énoncé une observation des cas dans lesquels des hommes deviennent « malades » des oiseaux.
CARNETS DE TERRAIN, LE BLOG DE LA REVUE

Anne Sigaud

Banquier richissime et philanthrope, Albert Kahn (1860-1940) était un mécène pour la recherche animé par une vision humaniste et pacifiste. Il avait mis sa fortune au service d’un ambitieux projet d’archivage du monde en images, à la fois scientifique, esthétique et politique, qui s’est révélé outil diplomatique au service d’un soft power impérial français en pleine expansion : les Archives de la planète.

Anne Sourdril et Luc Barbaro
Comment faire du terrain ethnographique en temps de confinement ? Dans ce billet, nous revenons, dans un premier temps, sur certaines initiatives d’anthropologues et de chercheurs en Sciences Humaines et Sociales mises en œuvre pour poursuivre, malgré tout, leurs activités de recherche. Dans un second temps nous illustrons ces initiatives au travers d’une étude de cas menée par deux chercheurs autour des effets du confinement sur les rapports entretenus par les sociétés à leurs environnements.

Frédéric Keck
En 1982, Kennedy Shortridge publie un article intitulé « An Influenza Epicentre ? », qui deviendra une référence pour la construction des scénarios de pandémies de grippe aviaire venues du sud de la Chine. Comme l’a montré la crise du Covid-19, cette région est en passe de devenir une bombe virale prête à faire exploser le système capitaliste. La virologie apparaît alors comme une forme de collapsologie : elle fait voir dans les transformations écologique les signes d’une catastrophe à venir. Ce texte est un pastiche de l’article publié par Shortridge, traduit et adapté par l’anthropologue Frédéric Keck qui s’interroge: les virus venus de Chine viendront-ils à bout du capitalisme ?

Laura Marina Panizo et Valérie Robin Azevedo
Nous autres anthropologues avons appris que les sociétés humaines, par-delà leurs différences culturelles, se singularisent par les classifications sociales qui leur permettent d’ordonner le monde qui les entoure. Parmi ces classifications, les modèles idéal-typiques de la « bonne mort » et de la « malemort » occupent une place essentielle.

Alicia Pinzás
À quelques mois du bicentenaire de son indépendance, le Pérou traverse une grave crise politique qui a été marquée par des manifestations massives au courant du mois de novembre 2020. Alicia Pinzás revient sur la genèse de cette crise et sur les journées qui ont révélé la volonté ferme des jeunes péruvien.nes de se battre pour la démocratie.

David Jabin
Comment ethnographier l’art du mouvement ?
Réflexion de David Jabin autour des défis méthodologiques qui entourent la pratique éphémère des jeux de ficelles en Amérique du Sud.

Romain Duda
Les forêts du bassin du Congo sont un des lieux emblématiques de la confrontation entre deux visions de la « nature » et de la forêt : la vision de ceux qui souhaitent la protéger et la vision de ceux qui souhaitent continuer à y vivre. Dans ce billet, Romain Duda revient sur les limites des politiques actuelles de conservation de la nature en Afrique centrale et la manière dont elles sont imposées aux populations par l’entremise de grandes ONG internationales.

ON PARLE DE TERRAIN DANS LES MÉDIAS
FRANCE CULTURE
ESPRIT DE JUSTICE par Antoine Garapon
Une approche anthropologique de la diplomatie, avec Yves Saint-Geours et Emmanuel de Vienne
écouter ici
LE MONDE
Marc Semo
La revue « Terrain » interroge le sens de la diplomatie
lire ici