Le temps dans les sciences sociales. Temporalités plurielles et défis de la mesure

Sous la direction de Maryse Bresson, Jean Cartier-Bresson, Vincent Geronimi et Frédéric Leriche.

Paris, Karthala, 2016.

La question du temps se pose dans de nombreux débats contemporains : multiplication des crises liées à l’accélération du temps, contradictions entre des décisions de court terme pour répondre à des enjeux de long terme, impuissance des politiques publiques face à l’incertitude… Pour les éclairer, le présent ouvrage propose de croiser les points de vue en économie, géographie, histoire, sociologie, linguistique, afin de prendre en compte la pluralité des temporalités et les défis de leur mesure.
L’idée de temporalités plurielles est devenue rapidement consensuelle en sciences sociales. Les temps de l’homme sont divers et ne sont pas ceux de la nature. Le changement climatique interpelle la capacité des politiques à s’en saisir. Les horizons temporels des précaires sont différents de ceux des règles et institutions.
Pour aborder ces questions, la première originalité de cet ouvrage réside dans la place particulière accordée à l’économie et au dialogue qu’elle instaure avec les autres sciences sociales – notamment ici, la sociologie. Une deuxième originalité est la mise en avant du rôle des institutions et des politiques dans la synchronisation des temporalités de la vie sociale. Représentants élus, tiers secteur, hauts fonctionnaires, médias, intervenants de terrain… tous contribuent à la définition et l’application des politiques publiques en ayant aussi, des rapports pluriels au temps. Une troisième originalité de l’ouvrage découle de la volonté de relever le défi de la mesure.
Une de ses conclusions importantes est qu’il est possible de prendre au sérieux la pluralité des temporalités dans les sciences sociales, tout en relevant le défi et les exigences, à la fois épistémologiques et méthodologiques, d’avoir des objets d’études « mesurables ».

Cet ouvrage a été réalisé par les laboratoires CEMOTEV, membre du GEMDEV, et PRINTEMPS de l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines ; il nous invite à considérer la manière dont les sciences sociales, dans leur diversité, introduisent le temps dans leurs analyses. Souci constant des équipes membres du GEMDEV, ces regards croisés entre les disciplines sont féconds pour chacune d’entre elles. Prendre en considération le temps leur rappelle la nécessité de situer leurs recherches dans l’histoire longue des sujets et des terrains abordés.

Parmi les travaux antérieurs qui ont alimenté cet ouvrage, le groupe de travail « développement durable » du GEMDEV, qui a réalisé plusieurs publications, occupe une place particulière.